L’achat du terrain et des bâtiments du futur Séminaire adventiste de Collonges-sous-Salève date de 1921. Alfred Vaucher était le seul membre du comité à voter contre cet achat. Dans un texte dactylographié, daté de 1983 et conservé aux Archives, il explique les circonstances et les raisons de sa prise de position.
« On avait fait des recherches dans les environs de Paris, puis d’Avignon, et on avait enfin décidé l’achat d’un terrain près de Lyon, pour y établir notre école, et Jules Robert avait été chargé de l’achat. Mais il revint à Gland, ayant renoncé à l’achat à cause de certaines difficultés.
Le pasteur Tell Nussbaum fit savoir qu’une propriété allait être mise en vente à Collonges-sous-Salève, Haute Savoie. Une vingtaine d’hommes, dont je faisais partie, furent envoyés explorer le terrain, sous la direction du président [de la Division ] Olson. Après avoir examiné les lieux, nous nous sommes agenouillés dans un pré et avons dit au Seigneur que si nous pouvions acheter à un certain prix nous y verrions l’approbation divine.
La vente se faisait aux enchères à Saint-Julien. Olson et deux ou trois autres allèrent présenter leur proposition. Ils revinrent avouant qu’ils avaient acheté à un prix supérieur à celui qui avait été convenu, ce qui me confirma dans l’idée que cet achat n’était pas ce que Dieu voulait. Olson tenait beaucoup à cet achat. Il fit voter une première fois, et je fus le seul à voter contre. Olson désirait l’unanimité, et il fit voter une seconde fois. Je m’abstins de voter.
Les étudiants désireux de gagner leur écolage par le colportage devraient aller assez loin. La frontière suisse toute proche deviendrait un obstacle en cas de guerre, ce qui ne manqua pas d’arriver. En hiver le soleil ne se montrait qu’assez tard, sur ce versant du Salève. Olson était content parce qu’il y avait beaucoup d’eau, mais l’eau était froide et retardait la végétation, si bien que nos produits arrivaient sur les marchés de Genève et d’Annemasse trop tard pour être vendus à des prix intéressants. Le jardinier, fr. Louis Véz, eut beaucoup de mal à faire marcher l’affaire. Le chauffage des bâtiments dépassait toujours les prévisions du budget. Quand on avait payé le déficit, il ne restait rien pour la bibliothèque, dont j’avais la direction.
Fr. Beach, alors secrétaire de l’Union, reconnaissait qu’une erreur avait été commise, mais il ne voyait pas la possibilité d’un changement aussi longtemps qu’Olson garderait la présidence. Plus tard on pensa à un changement, mais trop de capitaux avaient été engagés à Collonges. On crut un moment pouvoir établir le département de théologie près de Toulon, mais il fallut renoncer à ce projet. Ainsi le séminaire de Collonges est toujours là, avec ses problèmes insolubles. »
Alfred Vaucher
"Mon témoignage", 24 novembre 1983
(tapuscrit aux Archives : collection Pietro Copiz, cote 15CP7E)