L'Histoire du Salut, Dammarie les Lys, Ed. Vie et Santé, 1987, p.11-12
Par sa grand-mère qui l’a élevé, le nom d’Alfred Vaucher est directement lié aux origines de l’Eglise adventiste en Europe. Mais par sa contribution théologique et historique, il a lui-même imprimé son nom de manière indélébile dans les annales de notre mouvement.
Assurément, sa contribution à l’étude des prophéties est de premier ordre. Ses travaux sur le livre de Daniel sont inégalables dans le domaine de l’histoire des interprétations. Mais c’est à L’Histoire du Salut qu’est due son influence la plus large et la plus profonde. Ce livre est un monument merveilleux en ce qui concerne l’exposé des enseignements de la Bible : une théodicée magistrale. Depuis 65 ans, il constitue la base de la formation théologique de nos pasteurs ?
La structure du livre, déjà, force l’admiration. Elle répond à une véritable architecture, pleine de logique et d’harmonie. Il en résulte une clarté qui met le livre à la portée de tous, sans formation théologique préalable. Mais le très grand nombre de citations choisies judicieusement dans les écrits des meilleurs théologiens d’hier et d’aujourd’hui, 1700 environ, en fait aussi un texte de référence pour les plus cultivés.
On peut également parler d’une importante « somme théologique ». Aucun thème n’a été négligé depuis l’introduction qui présente les documents de la révélation jusqu'à l’exposé final, très clair, de l’eschatologie. Tandis que les théologies sont volontiers sélectives, celle-ci est systématique et complète. Celui qui veut connaître l’enseignement de la Bible y trouve le guide indispensable, tandis qu’un « index des passages cités » permet de trouver rapidement l’explication de versets bibliques difficiles.
Pourtant, ce qui m’impressionne le plus est la sûreté du jugement du Dr Alfred Vaucher. Parmi les milliers de livres qu’il a lus ou consultés, il a du choisir ce qu’il y avait de meilleur pour étayer sa conception du message. On aurait de la peine à le trouver en défaut…
La première édition fut imprimée à Gland en 1921. Une deuxième édition revue par Jules-César Guenin a paru à Dammarie-les-Lys en 1930, suivie en 1955 d’une troisième édition sensiblement améliorée par l’auteur.
Cette quatrième édition est en gestation depuis 1976. Elle est profondément remaniée. Bon nombre des citations qui avaient paru dans le supplément y ont été incorporées. D’autres, plus anciennes, ont été supprimées. Toutes les leçons relatives à Dieu ont été remodelées. Bref, un livre entièrement renouvelé ! Mais divers empêchements ont entravé son impression. J’en étais personnellement affligé, conscient, après avoir utilisé ce livre pendant treize ans pour mon cours de dogmatique au séminaire de Collonges, de voir disparaître un trésor.
Et tandis que je m’attachais à relancer l’affaire, voilà que frère Vaucher me prie de revoir son travail. J’ai accepté, non sans scrupules, mais pour les besoins de la cause. Inutile d’ajouter que je n’apporte aucun changement fondamental. La pensée de l’auteur et la structure du livre sont scrupuleusement respectées. Mais il fallait réduire un peu les dimensions de l’ouvrage. Ainsi, quand les citations se répètent sans autre, je supprime les plus anciennes. Je les maintiens néanmoins, quand elles présentent un intérêt sur le plan théologique ou historique. Enfin, dans les ares cas où un changement de fond intervient, je signe le texte pour éviter toute méprise. L’index bibliographique y renvoie.
Ami lecteur, ne lisez pas ce livre, vous seriez peut-être déçu. Ce livre n’est pas à lire mais à étudier. Il réclame un effort et de la persévérance. Mais vous découvrirez immédiatement que la peine est récompensée. L’instrument de travail est tout simplement irremplaçable.
Georges Stéveny
Le 27 mai 1986.