"Quel est cet édifice qui de loin déjà attire notre attention par son grand toit rouge, sorte d'étendard, et le soir par ses fenêtres illuminées comme des phares ? C'est le Central, le dernier mais non le moindre des bâtiments.
Bien campé au pied des rochers du Salève, il semble bien fait par sa façade sobre, aux lignes pures et régulières, pour être le lieu consacré aux études et nous inspirer le goût du travail. Visitons-le, si vous le voulez bien. Un chemin agréable bordé par une pelouse garonnée et des arbustes, nous y conduit. Quelques marches d'escalier, et nous en franchissons l'entrée.
Descendons quelques marches et nous arrivons à un corridor qui à gauche conduit au royaume de la musique, à droite à celui des sciences. Une double porte franchie et nous sommes dans un second petit corridor sur lequel s'ouvrent de minuscules salles de musique, vraies cellules monastiques ayant pour tout meuble un piano ou un harmonium. Tout un concert de sons musicaux s'en échappent. Passons maintenant à l'autre bout du corridor, trois portes : salle de sciences, laboratoire de physique, laboratoire de chimie. Nous montons au premier étage. La bibliothèque nous ouvre la porte, vaste salle bien éclairée où d'un côté, trois grandes tables attendent les lecteurs, de l'autre de nombreux rayons où sont rangés quelque trois mille volumes.
Sur ce même étage il y a la salle de la section commerciale. On s'en aperçoit immédiatement en entrant, au tableau noir sont les signes cabalistiques de la sténographie. On y apprend à écrire à 120 mots à la minute et même plus, si l'on peut. On entend aussi le bruit de mitrailleuses qui proviennent d'une demi-douzaine d'élèves occupés, derrière une cloison vitrée, à apprendre le maniement de la machine à écrire. Ils ont très appliqués, car c'est un travail intéressant.
Voici le bureau du directeur, sobrement meublé, et celui de l'administrateur, abondamment pourvu du tout ce qu'il faut pour les comptes : bureaux, pupitres, casiers, armoires, tables, registres volumineux, téléphone et dans un coin on devine le coffre-fort. Là aussi règne mune activité fébrile.
A l'étage supérieur il y a plusieurs salles de classe propres et coquettes aux larges fenêtres par où l'air et la lumière passent en abondance.
C'est aussi là que se trouve la chapelle, vaste salle aux sièges modernes, de teinte acajou, où plus de 170 personnes peuvent trouver place. Une paroi volante la sépare de la salle de Bible, paroi qu'on soulève les jours de grande affluence. Un piano, une estrade avec une chaire, complètent l'ameublement de ce lieu consacré au culte."