"Je la regarde souvent, et chaque fois j'essaye de la comprendre toujours mieux ; elle est devenue dans mon esprit plus qu'une chapelle. Elle est l'expression même de ce que nous, jeunes chrétiens, pensons de la religion."
"Elle ne me plaisait pas, de l'extérieur, avec ses murs trop blancs qui se découpent éblouissants sur les rocs gris du Salève comme le reflet de cette perfection divine tant désirée de nos pauvres coeurs noircis ; elle ne me plaisait pas aussi à cause de ses lignes massives, froides, pleines d'un rigorisme qui excite si souvent en nous le sentiment de la servitude ; elle ne me plaisait pas non plus avec cette immense croix, angoissante et lourde, dressée sur le chemin de ceux qui veulent entrer dans la maison de Dieu.
Notre chapelle n'est pas accueillante. Elle est l'image de ce que trop souvent nous laissons voir et penser du Christianisme. Dès que j'y suis entré, j'ai beaucoup aimé notre chapelle, parce que j'avais vu une croix, brillante celle-là, illuminée devant mes yeux comme pour diriger mes regards vers la Vérité ; et depuis j'aime toujours notre chapelle avec ses pilliers élancés, couleur d'azur, qui s'élèvent de plus en plus fermes pour la bien soutenir, et cela me fait penser que nous sommes tous appelés à être, par la noblesse et la force de nos idéals confondus, des colonnes dans l'Eglise de Dieu. Je l'aime aussi, notre chapelle, parce qu'on ne l'a pas peinte de blanc comme à l'extérieur : nous ne sommes pas purs ; mais ces couleurs chaudes et froides ne devraient-elles pas nous rendre conscients de notre état spirituel : sommes-nous bouillants ou froids pour la cause du Seigneur ?
Notre chapelle est magnifique, mais il faut y entrer pour s'en apercevoir. "Alors j'attirerai tous les hommes à moi", dit Jésus. Visiteurs étrangers, ne vous pressez pas de juger ; entrez et voyez ! Il y aura alors certainement et à jamais dans votre coeur comme dans le nôtre une place pour ce lieu béni, où, libérés de tout souci, nous aurons écouté ensemble, dans le silence de vie, l'Eternel qui nous parlait."
Marcel Fernandez, étudiant
L'Echo du Salève, n° 2, 1962-63, p. 8.