Le Messager, septembre 1915, p.78-79
"Le message à l'armée"
Extrait d'une lettre de frère Lippolis, évangéliste, depuis quelques semaines incorporé dans les troupes sanitaires italiennes :
Altamura, le 24 juillet 1915
Cher frère V.,
(...) Je suis aimé de mes supérieurs ; Dieu prépare la voie devant les siens ; que son saint nom soit loué ! Il y a une quinzaine de jours, un dimanche matin, le major commandant l'hôpital a désiré des renseignements sur notre foi. Pendant plus d'une heure et demie, j'ai pu lui parler, en présence de douze autres officiers médecins et pharmaciens, de notre message en particulier et de la croyance évangélique en général. Ils m'ont demandé de leur faire une conférence, mais la date n'en a pas encore été fixée ; je me prépare à leur parler sur le chapitre 2 de Daniel. Qu'en pensez-vous ? Gloire à Dieu ! (...)
Comme je vous l'ai dit, mes supérieurs ont une grande affection pour moi ; jusqu'à présent, ils m'ont permis de me reposer le saint jour du Seigneur, et souvent je vais assister au culte de Gravina. N'est-ce pas un don de son amour ? A lui la gloire. (...)
Giovanni Lippolis
Giovanni Lippolis
Frère Sabatino, qui avait déjà été mobilisé une première fois l'année passée, puis renvoyé à son foyer, se trouve actuellement dans la zone de guerre, 8e corps d'armée. Comme frère Lippolis, il a bénéficié d'une décision ministérielle autorisant tous les ministres du culte à faire partie des troupes sanitaires.
Frère Melchiori, colporteur, originaire des terres italiennes soumise à l'Autriche, est prisonnier de guerre dans la province de Turin. Souvenons-nous de lui dans nos prières.
Frère Lippolis nous apprend la mort de soeur Pappalardie, secrétaire de l'église de Gravina, fille de l'ancien de cette église, décédée à l'âge de 20 ans, après de cruelles souffrances. Toute notre sympathie à la famille éprouvée et à l'église de Gravina tout entière, qui n'est qu'une famille en esprit.
Frère H.Baudoin nous écrit :
Digne, le 27 juillet 1915.
Cher frère,
(...) Comme vous pouvez le savoir, je suis soldat au 3e régiment d'infanterie depuis trois mois. Le Seigneur a été avec moi et m'a béni abondamment. J'ai pu lui rendre témoignage devant mes camarades. Jusqu'ici j'ai eu mon Sabbat à peu près libre et j'ai fait mon culte et mon école du sabbat en plein air.Deux de mes camarades étaient bien intéressés à la vérité, l'un d'eux était un jeune instituteur. Ils sont en ce moment sur le front. Que le Seigneur les garde et se révèle complètement à eux ! Mon plus grand plaisir est de pouvoir parler de la vérité ; malheureusement, je suis peu compris.
Cependant, à plusieurs reprises, mes camarades m'ont demandé de leur faire le culte, ce que j'ai fait. Je leur ai passé quelques Signes et des brochures. (...)
Recevez, cher frère, une affectueuse poignée de main.
Votre frère en Jésus,
Henri Boudoin
3e rég. d'inf. 32e Cie, 15e escouade.
Henri Boudoin
3e rég. d'inf. 32e Cie, 15e escouade.
Que Dieu bénisse l'activité missionnaire de tous nos soldats ! L'éternité seule révèlera les fruits de leurs efforts persévérants. Puissent-ils jusqu'à la fin, rester de bons soldats de Jésus-Christ ! Nos églises liront avec plaisir ces quelques lignes de frère Raspal :
D. 1. Ch, 5 août 1915.
(...) Grâces à Dieu, une année de campagne n'a pas altéré ma santé physique; je me porte très bien. Je suis aussi bien encouragé dans le Seigneur, même plus encouragé que jamais, car diverses circonstances m'ont appris à mieux apprécier la vérité de la Sainte Parole. J'ai mieux compris que par le passé que " la sagesse du monde est une folie".
Un contact journalier avec des hommes vivant sans Dieu, sans espérance, et laissant libre cours à leurs pensées et à leurs passions, m'a fait voir que l'homme est bien misérable et que le monde est entièrement plongé dans le mal et dans l'injustice. (...)
Un contact journalier avec des hommes vivant sans Dieu, sans espérance, et laissant libre cours à leurs pensées et à leurs passions, m'a fait voir que l'homme est bien misérable et que le monde est entièrement plongé dans le mal et dans l'injustice. (...)
Oh ! combien je remercie le Seigneur de m'avoir ouvert les yeux, afin que je pusse comprendre son grand amour ! Ce n'est pas que j'en sois plus digne que le reste des hommes, mais c'est un effet de sa grâce et de sa miséricorde infinies. Aussi je loue ce Dieu d'amour : il est digne de louange et de gloire.
Combien je désire être rendu à ces combats glorieux du Seigneur où l'on sème la vie à pleines mains ! Il y a un abîme entre mes aspirations évangéliques et celles du monde actuel.
Je soupire après la délivrance et j'espère que le Seigneur rendra libres mes mains afin que je puisse semer la Parole de vie plus et mieux que par le passé. Je compte sur sa bonté, et je me confie en lui pour toutes choses, en me soumettant à sa sainte volonté.
Le Seigneur m'a béni pendant cette année de guerre, et j'ai vu sa bonne main. Après deux mois de campagne, j'ai été placé dans de bonnes conditions pour méditer l' Evangile et me reposer des premières semaines de fatigues.
J'ai fait la connaissance d'un jeune homme craignant Dieu. Avec lui je puis parler de choses sérieuses. Nous avons l'occasion de nous voir assez souvent. Il a un frère pasteur à M., dans le Gard, mais auin est mobilisé en ce moment, dans les infirmiers. Je lui passe les Signes des Temps, qu'il lit avec plaisir. J'ai eu l'occasion de prêter une Bible et de donner un Nouveau Testament, ainsi que des brochures, mais il est difficile de parler ici de choses religieuses. Oh ! que Dieu ouvre les yeux de quelques-uns , afin qu'ils voient leur condition et qu'ils cherchent en Jésus leur salut !
M. Raspal