Cette photo a été prise le 24 janvier 1952, au Palais de Chaillot à Paris, à l’occasion d’une Assemblée des Nations Unies. Elle représente Mme Eleanor Roosevelt, veuve de l’ancien président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt, entourée de quatre personnalités adventistes : Beverly Bert Beach, André Lecoultre, Robert Bertalot et Jean Nussbaum. Quel rapport y avait-il entre Mme Roosevelt, une des femmes les plus populaires de son époque, et les adventistes ?
A la mort de son mari, Eleanor Roosevelt aurait pu se contenter d’être l’héritière d’un grand nom et bénéficier tranquillement de sa retraite. Ce n’était pas dans sa nature. Elle continua avec beaucoup de générosité et d’humanisme les combats qu’elle avait entamés pendant la présidence de son mari. Elle devint même une véritable militante, une « activiste » diront ses opposants ! Intellectuelle et femme de gauche, elle se battit sur tous les fronts et par tous les moyens, pour les droits des enfants, la défense des femmes, les droits de l’homme, le respect des minorités et également… la liberté religieuse !
C’est en 1945, à la Conférence des Nations Unies de San Francisco, qu’elle rencontra Jean Nussbaum, un médecin adventiste, fervent défenseur de la liberté religieuse. Mme Roosevelt se reconnut dans le combat de Nussbaum, ils sympathisèrent, devinrent même assez proches, et elle lui accorda son plein soutien.
En 1948, lorsque Jean Nussbaum créa l’Association internationale pour la Défense de la Liberté Religieuse, Mme Eleanor Roosevelt accepta tout naturellement d’en devenir la présidente d’honneur. Dans le premier numéro de la revue Conscience et Liberté, elle écrivit : « Sans la liberté de conscience et sans la possibilité de pratiquer librement la religion de son choix, aucun peuple ne peut être vraiment libre et mon mari a toujours senti que ces libertés étaient fondamentales. Je considère que ceci est d’une telle importance que je prierai pour que votre revue exerce une grande influence. »
Guido Delameillieure
archiviste
Commentaires de B. B. Beach au sujet de cette photo (dans une correspondance avec Pietro Copiz)/ traduction : X. Rousset
« A l’époque où cette photographie a été prise, le Pasteur Lecoultre officiait à l’Eglise de Neuilly. Le Dr Nussbaum s’occupait d’une campagne d’évangélisation à Paris, comme il le faisait régulièrement, au fil des ans. Lecoultre dirigeait l’équipe d’organisation et il me semble que Robert [Bertalot, ndt] les aidait. J’étais étudiant à l’Université de Paris et intégré à mi-temps dans l’équipe du Dr Nussbaum. Le Dr Nussbaum me voulait pour rencontrer quelques officiels aux Nations Unies, lesquelles tenaient leur assemblée générale à Paris (c’était avant que le complexe de l’ONU ne soit construit à New York, où l’assemblée se réunit chaque année, désormais). Nous n’étions pas vraiment impliqués dans les travaux du Dr Nussbaum sur la liberté religieuse, mais celui-ci savait que cela m’intéressait et il nous donna, aux autres et à moi, l’opportunité de rencontrer quelques personnes à l’ONU, en particulier Mme Roosevelt. (...)
Notre rôle à tous se jouait dans l’équipe d’évangélisation du Dr Nussbaum. Lecoultre dirigeait l’équipe. Le Dr N. était le « conférencier », mais pas l’« organisateur ». Comme je l’ai dit, Lecoultre était pasteur à l’Eglise de Neuilly. Je ne suis pas sûr du poste exact qu’occupait Bertalot, à ce moment. Peut-être était-il pasteur assistant, ou bien pasteur d’une autre église. […] A ma connaissance, ni Lecoultre, ni Bertalot n’étaient directement impliqués dans les travaux sur la liberté religieuse en tant que tels. Ils travaillaient comme pasteurs. Je n’étais pas, moi-même, impliqué dans ces travaux, à cette époque, mais j’avais de l’intérêt pour la rencontre d’officiels gouvernementaux, ou de dirigeants religieux et le Dr Nussbaum le savait. Plus tard, nous allions être engagés ensemble dans certaines rencontres de ce genre. Je travaillais essentiellement à mon doctorat, à la Sorbonne et j’étais intégré à l’équipe d’évangélisation du Dr Nussbaum, cet hiver.
Dr Nussbaum était le directeur du département de la liberté religieuse de la Division de l’Europe du Sud (dont mon père était le président). Mais il travaillait aussi, de temps en temps, pour la Conférence Générale. Il était autorisé, toutefois, à exercer à temps partiel, la médecine à son compte. En fait, il arrivait que notre équipe d’évangélisation se réunisse dans son logement pour organiser des événements alors qu’il voyait des patients et qu’il doive faire des allers retours, du comité aux patients et d’une pièce à l’autre !"