L'article ci-dessous a été rédigé par Jean-Michel Martin et présenté à l'église adventiste de Lille à l'occasion d'une semaine de conférences sur le thème "L'adventisme, hier - aujourd'hui - demain" ( 16-23 mars 2013).
A notre connaissance, le compte rendu écrit le plus ancien dont nous disposions pour parler des débuts de l’église adventiste à Lille est le rapport de Paul STEINER, publié dans Le Messager d’avril 1910, p. 28, où il parle de son travail dans la ville, dans le cadre d’un séjour qui s’étendit du 7 septembre 1909 à mars 1910, accompagné de son épouse. Il fait le bilan de son activité, avant d’être appelé à Paris pour y remplacer Samuel BADAUT (voir l’article Badaut Samuel, in Seventh-day Adventist Encyclopedia, Revised Edition, Commentary Reference Series, vol.10, Review and Herald Publishing Association, Washington D.C., 1976, p.116-117.
Parmi les indications intéressantes, il dit qu’à l’époque la ville comptait 225.000 habitants, qu’elle était un grand centre industriel (filatures, métallurgie), aux nombreuses et hautes cheminées, aux maisons grises, à la population affairée. Les industries n’y avaient pas banni les études, puisqu’il y avait deux universités, dont une catholique, une académie, une école de pharmacie, une école des beaux-arts. Vu sa proximité de la frontière belge, on y rencontrait beaucoup de Flamands.
Il parle aussi avec un certain humour de la présence d’un véritable fléau qui est aussi un problème de santé publique : « Lille est arrosée par la Deule ; mais selon toute apparence, il y coule autant de genièvre que d’eau. L’alcoolisme est en effet un terrible fléau au sein des populations du Nord. Les estaminets et les bars se touchent. J’en ai compté 64 dans une seule rue »
Il signale aussi qu’il a réussi à trouver un local dans un quartier ouvrier, après de longues recherches. Il a été rejoint par un collègue, WALTHER, qui l’a aidé à aménager la salle et à distribuer des invitations pour les conférences et les réunions. L’auditoire n’a pas été aussi grand qu’espéré, mais « il s’est trouvé des cœurs avides de vérité ». En particulier deux dames qui « ont accepté la vérité présente », non sans rencontrer des difficultés. Il ne précise pas lesquelles, s’il s’agissait du rejet ou de l’incompréhension des proches. Il espère qu’avant son départ pour Paris il y aura encorde d’autres décisions.
Il déplore le fait que « Lille soit un rempart de l’Eglise romaine, en raison des nombreuses églises, institutions, écoles et collèges qui y fleurissent » mais reste convaincu, comme il ajoute que « bon nombre de catholiques… cherchent leur chemin à travers les ténèbres pour aller vers la lumière et la vérité ». Il annonce le baptême prochain d’une dame qui s’était écriée : « Il y a quatre ans que je cherche la vérité ; j’ai fréquenté le temple, les conférences évangéliques et je n’ai rien trouvé qui apaise ma soif, mais maintenant, oh ! que je suis heureuse ! je me désaltère ». La métaphore de la boisson est décidément bien présente dans son rapport !
D’autres efforts sporadiques et ponctuels sont signalés les années suivantes. Ainsi dans la R.A. du 1er juin 1923 Jules REY signale, p.14, qu’il a tenu en février 1923 un cours de conférence avec le pédagogue Maurice TIECHE, que l’auditoire d’une vingtaine de personnes était passé à 160. Les thèmes présentés étaient surtout prophétiques. Sur place Maurice TIECHE et une madame TAPON visitent des familles en leur apportant des résumés des conférences.
Dans son article de la R.A. du 1er juin 1925, Joseph MONNIER signale que 5 personnes ont été baptisées dans la chapelle baptiste de Croix, en présence d’une trentaine de personnes. Parmi les néophytes, trois sont des mineurs d’origine tchèque ou polonaise.
La R.A. du 1er décembre 1925, p.9, toujours sous la plume de J.MONNIER, dit que 4 nouvelles personnes sont baptisées, suite aux conférences données par ce dernier au Conservatoire de Lille.
Dans la R.A. du 15 février 1926, p.8, une dixième personne est baptisée par lui. Elle se nomme DEJONGHE, et avait été touchée par les conférences de J.REY et de M.TIECHE quelques trois années plus tôt. Il dit qu’il avait tardé à prendre sa décision par peur de perdre sa place de travail. Finalement son patron lui accorde la liberté du sabbat.
Dans la R.A. du 1er juillet 1926, p.16,la secrétaire du groupe, qui se présente comme la veuve VANTOMME, dit que trois nouvelles personnes ont agrandi le groupe, une maman et ses deux filles, tout en déplorant la fait que les conférences sont suivies par peu de personnes.
La R.A. du 15 septembre 1927, p.11, sous la plume de J.MONNIER, fait le résumé de son action en trois ans. Le groupe, qui au départ comptait quatre personnes, s’est enrichi de 13 personnes, ce qui fait 19 personnes en comptant l’évangéliste et son épouse. La R.A. du 1er novembre 1928, p.32, parle du baptême de deux nouvelles personnes.
Raymond BEACH, dans la R.A. du 1er juillet 1933, p.11-12, précise qu’il a présidé la cérémonie de sainte-cène, en présence de sept personnes, qui se réunissent comme à leur habitude chez madame CUISSET, 19 avenue de la victoire à Wasquehal. Il est touché par le fait que le petit groupe tienne bon, malgré son isolement.
La R.A. du 1er juin 1939, p.13, parle des efforts de l’évangéliste François JOCHMANNS . Celle du 15 juin de la même année, p.13, sous la plume de la secrétaire M.BUISSON, dit que 7 nouvelles personnes se sont jointes au groupe, en même temps qu’on assiste au retour de deux anciens membres. Le groupe compte donc 14 membres à cette époque.
Les années de guerre sont marquées par les difficultés matérielles et économiques. La R.A. de février 1941, p.12, sous la plume du pasteur Oscar MEYER, donne des échos de la Conférence du Nord comme s’appelle cette entité administrative. Son territoire est situé en zone occupée et les groupes de Montbéliard, Besançon et Lille sont de ce fait isolés. L’auteur fait preuve d’humour : « Donc nous autres du Nord, nous sommes occupés. Eh oui ! même très occupés puisque nous continuons à porter la bonne Parole partout et par tous les moyens ». Il parle des dégâts occasionnés par la guerre en termes de destruction, de souffrances, approvisionnements insuffisants, restrictions, mais aussi de la foi des membres au cœur même de la tourmente.
La R.A. d’août 1951, p.14, dans le rapport de A. SCHERER, présente les efforts soutenus de C. WINANDY dans ses causeries et dans l’expositions de quelques livres religieux.
La R.A. du 1er septembre 1951, sous la plume de J.P.COLLIN, p.11, parle des conférences de Charles WINANDY à Roubaix et à Lille. Le 10 juillet de cette année, 4 personnes furent baptisées et une, qui avait reçu le baptême dans l’église évangélique, fut admise sur profession de foi. Le groupe se réunissait dans une petite salle de la rue Gauthier-de-Châtillon.
La R.A. du 1er mars 1953, p.14, dans le rapport de R.CHEMLA, se réjouit des 7 baptêmes qui renforcent le groupe qui se présente désormais comme celui de Lille-Roubaix, qui ont pu être célébrés dans la piscine municipale que le maire de la vieille de Lille avait gracieusement prêtée. Le pasteur Joseph MONNIER présida la réunion. Un repas convivial fut servi dans une salle de l’Armée du Salut.
La R.A. du 1er septembre 1956, p.12, dans le rapport de S.BELLIER et J.P.COLLIN , parle de l’arrivée de 3 nouveaux membres, baptisés dans la « le cadre d’un foyer accueillant dont nous utilisâmes la salle de bains ».
Dans son Interview du 1er mars 1994, Maurice HALNA nous disait qu’il était resté à Lille comme évangéliste de septembre 1958 à l’été 1961, où il a bien collaboré avec le colporteur Roger DEEMESTER , qui « était pour lui comme un frère ». Il dit que Pierre WINANDY a fait des conférences sur des thèmes prophétiques.
La R.A. du 15 janvier 1961, p.12-13, le rapport de J.FOUANT donne un survol historique des faits saillants de l »histoire de cette région réputée difficile qu’est le nord de la France. Il y parle des efforts successifs d’hommes tels SCHERER, CHEMLA, ROELAND, COLLIN et d’une femme S. BELLIER ; Il précise qu’en octobre 1956, François GILSON succéda à J.P.COLLIN, et qu’il collabora avec S.BELLIER jusqu’en janvier 1958 , date à laquelle la lectrice biblique (comme on appelait les femmes évangélistes à l’époque), partit pour l’église de Neuilly. Elle eut comme successeur Maurice HALNA. L’article signale également que la salle rue Gauthier de Châtillon est bien remplie. De novembre 1959 à septembre 1960, quatre cérémonies baptismales furent célébrées : le 15 novembre 1959, ce fut le baptême de J.FOUANT (voir la R.A. d ; le 18 juin 1960, près de Lille, dans le cadre de verdure de la piscine de Phalempin, cinq jeunes gens de 16 à 19 ans furent baptisés par GILSON. Le 23 juillet 1960, un couple fut baptisé au cap Gris-Nez. Le 10 septembre de la même année, le bois et la piscine de Phalempin servirent à nouveau de cadre au baptême d’un nouveau membre.
Ce même J. FOUANT écrivit dans la R.A. d’avril 1963, p.13-14, que la salle était devenue trop petite, et qu’on avait envisagé d’en acquérir une autre ; mais « après leur baptême, nos nouveaux membres, fuyant le climat inhospitalier su Nord, s’en allèrent vers des cieux plus cléments… ».
En octobre 1961, le pasteur Pierre WINANDY vint s’installer à Lille. Il entreprit un gros travail missionnaire en distribuant des brochures, des livres et en nouant des contacts avec les gens intéressés. En janvier 1962, avec son père Charles WINANDY, il tient des conférences sur les pays bibliques, avec projections en couleurs, attirant de 70 à 80 personnes, dont plusieurs suivirent des études bibliques. Le 22 septembre 1962 deux femmes furent baptisées dans le local de la rue Gauthier de Châtillon.
Dans l’article « Nouvelles du Nord », paru en février 1964 dans la R.A . p.13, , nous apprenons qu’un groupe d’une douzaine de membres se réunit à Lille, alors qu’il y a aussi un groupe à Dunkerque. En octobre 1963, une petite école du jeudi est fréquentée par une dizaine d’enfants, dirigés dans leurs activités physiques, manuelles, musicales et spirituelles par J. FOUANT.
La R.A. d’octobre 1964, p.13, parle de la cérémonie du baptême de 4 personnes le sabbat 30 mai 1964 avec Pierre WINANDY, ce qui est l’occasion de regrouper les croyants de Lille, Dunkerque, ainsi que les isolés de Béthune, Lens et Pas-en-Artois. Le dimanche 31 mai 1964, un concert spirituel est présenté par quelques artistes lillois, dont deux artistes premier prix du conservatoire d’art lyrique, une adventiste du nom de Béatrice MESPLOMB , et son amie Marie-Paule FURNARI . Un ensemble vocal, composé de quelques membres de l’église, apporte sa contribution par son concert sous la forme d’un fondu enchaîné clichés en couleurs-musique.
La R.A. de février 1968, p.11-12, sous la plume de Claude BOSDEDORE, donne des nouvelles du nord de la France et de sa capitale Lille, qui à l’époque compte quelques 200.000 habitants. Le groupe de croyants de Lille était organisé en église, et sur ses registres figurent aussi les membres de Dunkerque et de Boulogne.
Lille compte à cette époque une trentaine de membres, six jeunes et une douzaine d’enfants ; Dunkerque dix membres et une douzaine d’enfants ; Boulogne six membres et quatorze enfants. Le 18 novembre 1967 est une date importante, car c’est la journée de dédicace à Lille.
Auparavant, les membres se réunissaient dans un local sombre et peu accueillant. En 1966, un garage en fort mauvais état fut acheté, situé 11 rue des débris Saint-Etienne, et dont le prix de vente était raisonnable. Grâce à la générosité des membres et aux différentes aides de la Division, de l’Union et de la Fédération de la France, les locaux furent achetés. Pendant un an et demi les membres de Lille et de la région collaborèrent aux travaux considérables que demandait la réalisation d’en ensemble harmonieux, fonctionnel et solennel. Un membre yougoslave, après avoir travaillé à la construction de l’église d Paris-Est, apporta son concours à l’érection de la chapelle de Lille. Les plans furent dessinés par DALAIS, architecte et évangéliste à Paris.
Dès le 20 mai 1967, l’église se réunissait dans son nouveau lieu de culte, mais il fallait encore mettre en état deux salles annexes destinées à la jeunesse. Le 18 novembre 1967, aménagement et équipement étaient réalisés et le nouveau lieu de culte fut inauguré officiellement, en présence de responsables de l’église, dont Marius FRIDLIN, Elie DAVY , C.WINANDY, Ermanno GARBI fut nommé pasteur deLille.
Le 30 mars 1968, deux personnes sont baptisées, dont une fille, Viviane WALLE et un jeune homme Jean-Pierre VANUXEM, et un couple évangélique, baptisé 38 ans auparavant, est reçu sur profession de foi (voir R.A. mai 1968, p.15, compte rendu de Marie-Thérèse HORNEZ).
Dans son article, « Une nouvelle église dans la Fédération de la France », l’évangéliste Claude BOSDEDORE, R.A. septembre 1968, p.11, signale un changement administratif : jusque-là les trois groupes de Lille, Dunkerque et Boulogne faisaient partie d’une unique église, appelée officieusement « Eglise du Nord », et s’étendant sur les départements du Nord et du Pas-de-C alais. Pierre WINANDY était responsable des groupes de Lille et de Boulogne, Maurice HALNA de celui de Boulogne. En 1967, ils furent remplacés par Claude BOSDEDORE pour Dunkerque et Boulogne, Ermanno GARBI pour la région lilloise. Les groupes de Dunkerque et de Boulogne, regroupés reçoivent officiellement le statut d’église en juin 1968, à l’époque où Elie DAVY est président de la Fédération de France. Ce regroupement en une église pourrait s’appeler « Eglise du littoral », elle regroupe vingt membres inscrits, alors que Lille en compte trente-quatre (voir également R.A. de décembre 1968, p.14).
Parmi les informations à notre disposition, nous pouvons dire Denis ROMAIN était pasteur à Lille de 1971 à 1976. La R.A. de mars 1973, p.17 , signale une première à Lille : le baptême, de nuit, de six personnes, suite à une semaine de réveil, et une admission par profession de foi. Trois de ces personnes fréquentaient déjà le groupe frontalier belge de Moucron, respectivement Madeleine HESSEL, André RIETSCH, Michel KORDAS, Bento SYLVESTRE, touchés par les conférences et le témoignage d’autres croyants adventistes.
R.A. de septembre 1978, p.8-9, publie l’interview par Gérard POUBLAN du pasteur Georges VANDENVELDE, qui a tenu une campagne d’évangélisation de trente- trois conférences, s’étendant sur neuf semaines à Lille (du 8 avril au 9 juin, à raison de quatre conférences par semaine), avec la collaboration de quatre jeunes pasteurs qui poursuivront les efforts dans leur lieu d’affectation : José ELYSEE (Lille et Roubaix) ; Jean- VAN HALST (Boulogne et Dunkerque) ; Gilles GEORGES (Angers) ; et Trajan BOGDAN (Ivry). Un support audio-visuel est utilisé avec des montages avec des diapositives sur le thème général « Bible et Archéologie ». Une salle confortable avait été louée au centre de la ville, Chambre du Commerce. Environ 75 personnes de l’extérieur, en plus des membres, étaient présentes à chaque conférence.
Dix personnes, qui avaient eu auparavant des contacts avec les adventistes, furent baptisées. L’une d’elles avait été touchée dix-huit ans plus tôt par les conférences de Pierre WINANDY. Une trentaine de personnes suivent des études bibliques. Plus de 35.000 brochures avaient été distribuées par les membres d’église. Un Plan de cinq jours a accompagné la démarche, de même que des cours sur la santé. Les personnes baptisées suivirent une préparation de plusieurs semaines, afin de ne pas prendre leur décision à la hâte, mais en étant bien informées et formées. Cette approche qui vise la durée est assez nouvelle à l’époque, mettant théoriquement les gens intéressés à l’abri d’une décision prise sous le simple coup de l’émotion, mais les invitant plutôt à donner une réponse réfléchie et en toute connaissance de cause!
Pasteurs ayant exercé à LILLE depuis 1976
Josée ELYSEE 1976-1980
Ruben BANY 1982-1984
Fernand HERNICOT 1984-1986
Ganoune DIOP 1986-1989
Rémy BALLAIS et Richard PRESLES 1989
Rémy BALLAIS
Lambert L’HOMME 1993-1996
Christian STEVENY 1997-2002
Pascal QUIONQUION 2004-2006
Richard PRESLES et François TODESCO 2007
François TODESCO 2007-2009
Pascal QUIONQUION 2009
Matthieu FURY 2010-2013…
article reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur, Jean-Michel Martin, mars 2013