Dans son article "Les activités missionnaires transatlantiques des mouvements religieux contemporains" (publié dans le livre "Les mutations transatlantiques des religions", édité en 2000 par les Presses universitaire de Bordeaux), Jean-François Mayer montre que l'Eglise adventiste n'a pas été, au départ, désireuse de s'étendre en dehors des Etats-Unis. Et il explique le rôle important joué par M. B. Czechowski dans ce contexte...
"Aux origines de l'Eglise adventiste du septième jour, la doctrine de la "porte fermée" (shut-door theology) vit un segment des auditeurs de William Miller (1782-1849) - dont Ellen White (1827-1881) elle-même - soutenir durant des années que la "porte de la miséricorde" avait été fermée dès le 22 octobre 1844 aux "Eglises déchues", aux pécheurs qui ne s'étaient pas repentis pour accepter le message de Miller ; après 1844, il n'y avait donc plus de sens à travailler à la conversion du monde (...). L'Epoux était venu, les vierges folles qui ne l'avaient pas attendu se trouvaient devant la porte et n'étaient pas autorisées à entrer. Cette croyance antimissionnaire, liée à l'attente d'une parousie perçue comme imminente en dépit des déceptions subies en 1844, fut abandonnée après quelques années ; mais dans les années 1850, les adventistes du septième jour tendaient à penser qu'il suffisait de prêcher leur message en Amérique du Nord, terre où affluaient par millions des immigrants (...). Il y avait tant à faire pour annoncer le message à ces foules accourues vers le Nouveau Monde, et les adventistes étaient encore si peu nombreux ! Leur position devint plus ouverte au fil des ans, mais ils restaient hésitants, entre autres en raison de leurs faibles capacités financières ; finalement, ils se décidèrent à surmonter leurs réticences et à entamer une action en Europe après avoir reçu un appel de Suisses qui avaient été convertis par le travail missionnaire indépendant de l'étonnant Michael Belina Czechowski (1818-176). La mission adventiste "officielle" put ainsi prendre pied sur un terrain qui n'était pas entièrement vierge." (p.271)