À la demande des adventistes européens, Ellen White, l'un des fondateurs de l'Eglise adventiste aux Etats-Unis, se rendit en Europe en août 1885. Elle y resta pendant 2 ans, jusqu'en 1887, principalement en Suisse. Dans la brochure "Ellen G. White en Suisse" (éditée par l'Union Suisse des Eglises Adventistes, Zürich, en 1987, brochure destinée à un public adventiste), Jean Zurcher raconte, à la page 36, la visite d'Ellen White à Genève. Il s'agissait d'une escale de trente-six heures, le 15 et 16 décembre 1885. A cette époque un pasteur adventiste habitait déjà à Genève : Daniel Bourdeau. Un petit groupe d'adventistes se réunissait à son domicile.
"Après trois semaines passées en Italie, dans les vallées Vaudoises du Piémont, le retour se fit via Genève. Une fois de plus, le passage des Alpes fit l'objet de son admiration. Jamais, dit-elle, n'avait-elle vu paysage plus spectaculaire, même pas dans les Montagnes Rocheuses. Partis de Torre Pellice très tôt le matin du 15 décembre, Ellen White et ses compagnons arrivèrent à Genève le soir même, vers sept heures et demie. Frère et soeur D. Bourdeau les attendaient à la gare. Ils se rendirent à pied à la maison que les Bourdeau avaient louée, et y passèrent la nuit.
Le lendemain, ce fut l'occasion d'une visite en ville et dans les environs. Voici ce qu'elle en dit dans son Journal : " Frère Bourdeau a loué une voiture et nous avons fait une promenade, visitant plusieurs endroits intéressants. Genève est une très belle ville qui ressemble plus que toutes celles que nous avons visitées auparavant, à nos cités américaines. Nous avons beaucoup joui de ces deux heures de promenade en voiture."
Ce qui surprend quelque peu, c'est de voir qu'Ellen White a rappelé le passage de Jules César, il y a quelque 2000 ans, mais qu'elle n'a fait aucune mention de Calvin, qui a fait de Genève la "Rome du protestantisme", comme on a coutume de le dire. Cela surprend d'autant plus qu'habituellement elle aimait à évoquer les événements de la Réforme dans les villes qu'elle eut l'occasion de visiter. Probablement était-elle à ce moment-là préoccupée davantage des efforts d'évangélisation de Daniel Bourdeau et des difficultés qu'il rencontrait. Peu de gens assistaient à ses conférences. "Le clergé, expliqua-t-elle, a décidé que les gens ne devaient pas aller les écouter, et les a mis en garde dans ce sens" (Journal, 16 décembre 1885; Manuscrit n°378)."
Quelques mois plus tard, en avril 1886, Ellen White repasse par Genève. Jean Zurcher, dans "Ellen G. White en Suisse", p. 41-42, raconte :
"Plusieurs campagnes d'évangélisation avaient commencé en Suisse romande. Frère Erzberger avait entrepris un effort à La Chaux-de-fonds, et dix-huit personnes s'étaient jointes à la petite église locale. Daniel Bourdeau avait fait de même à Genève, mais quatre personnes seulement s'étaient décidées en faveur du Message. Ces deux frères s'associèrent alors à frère Conradi, organisant ensemble une campagne à Lausanne. Daniel Bourdeau s'occupait des auditeurs de langue française, tandis que les frères Erzberger et Conradi se chargèrent de ceux de langue allemande. A en croire une note d'Ellen White, les conférences étaient bien suivies : "Lausanne est un lieu important. Nous nous intéressons beaucoup à cette ville. Nous croyons qu'une église y sera organisée à la gloire de Dieu" (Lettre 18, 1886).
La visite d'Ellen White à Lausanne avait avant tout pour dessein d'encourager les frères sur place. Elle désirait particulièrement s'entretenir avec Daniel Bourdeau. Elle lui avait écrit plusieurs fois après le Conseil européen de septembre 1885, le conseillant et soulignant avec beaucoup de tact quelques-unes de ses faiblesses. Ayant entendu dire qu'il avait l'intention d'exposer la vérité sur le sabbat à Lausanne, elle et frère Whitney le prièrent, au moyen d'un télégramme, de ne pas le faire. Furieux, frère Bourdeau décida de rentrer à Genève.
C'est assentiellement pour cette raison que soeur White décida de se rende à Lausanne. Daniel Bourdeau était là quand Ellen White arriva de Bienne. Après une brève rencontre avec le group des ouvriers présents, elle fit avec Daniel Bourdeau le voyage sur Genève en bateau. Ainsi eurent-ils tout le temps de s'entretenir en privé. Daniel Bourdeau apprécia énormément cette visite et les conseils qu'il reçut de celle qu'il considérait comme la servante du Seigneur.
Le passage de soeur White à Lausanne et à Genève fut court, mais elle dit son intention d'y retourner. Elle trouvait non seulement que Lausanne était "une belle ville" (Lettre 18, 1886), et Genève "une des plus riches cités d'Europe" (Lettre 96, 1886), mais, surtout, elle estimait ces deux cités très importantes pour le Message.
Elle y revint, en effet, au retour de sa deuxième visite en Italie, du 15 au 20 avril 1886. Arrivée un jeudi soir à Genève, via la France, soeur White logea à nouveau chez les Bourdeau, toujours heureux de la recevoir. Le vendredi soir, elle adressa un message au petit groupe de personnes intéressées réunies dans le foyer des Bourdeau.
Le sabbat matin, elle prit le train pour Lausanne, où elle était attendue jusqu'au lundi. (...)"