L'article ci-dessous est de Michel Bassin et a été publié dans Le Journal du Jura le samedi 2 juin 2012. Il concerne l'ancienne chapelle adventiste de Tramelan (Suisse).
BASSIN Michel, « Une chapelle inscrite dans l’histoire », Le Journal du Jura, samedi 2 juin 2012
TRAMELAN : le village abrite un bâtiment que fut la première chapelle adventiste construite hors Amérique du Nord.
Une chapelle inscrite dans l’histoire
Peu de gens le savent, mais c’est à Tramelan qu’a été construite la toute première chapelle adventiste hors de l’Amérique du Nord ! Inaugurée le 25 décembre 1886 par Ellen G. White, une figure du mouvement, cette église a abrité des réunions jusqu’en 1968. Le bâtiment a maintenant changé d’affectation, mais il n’a pas disparu. Des représentants des instances mondiales adventiste et mennonite se sont d’ailleurs rendus sur les lieux mercredi.
Bâtiment modeste, construit en bois notamment, l’ancienne chapelle a des allures de (belle) remise. Sise à la Grand-Rue 171b, donc juste à côté de la banque Raiffeisen, elle trône légèrement en contrebas de la route cantonale. Son meilleur profil, celui qui présente ses trois belles fenêtres, est visible depuis la rue du Collège.
Visiteurs de haut rang
Comme le rappelle Jacques Frei, spécialiste de l’histoire adventiste, cette chapelle –dont la naissance s’enracine dans la fin des années 1860, période où les doctrines adventistes arrivent en Suisse notamment par Michael Belina Czechowski- a été financée et construite par une famille Roth. Son prix à l’époque ? Trois mille trois cents francs. Fait particulier, l’Eglise adventiste n’a jamais, en tant qu’organisation, été propriétaire des lieux. Précisons que si ce bâtiment est connu comme étant la première véritable chapelle (avec une consécration ad hoc) hors Amérique du Nord, il ne fut toutefois pas le premier lieu de réunion d’une église adventiste en Europe.
Lorsque la famille Roth quitta Tramelan, la propriété fut vendue à une famille Gagnebin qui n’était, elle, pas adventiste. La communauté tramelote s’est ensuite installée, dès le 17 août 1968, dans une nouvelle chapelle située à la rue du Chalet 5. Aujourd’hui, il n’y a plus d’église adventiste à Tramelan.
Mercredi, c’est une délégation composée de mennonites et d’adventistes de haut rang qui s’est rendue sur place pour voir ce lieu chargé d’histoire. Il s’agissait de représentants de la Conférence mennonite mondiale et de la Conférence générale des adventistes du septième jour. Ils se trouvaient en Suisse dans le cadre d’un dialogue entre les deux dénominations –un échange officiel de points de vue- entamé l’an dernier.
Après une première rencontre en 2011 dans le Maryland (USA), ils se sont retrouvés cette semaine en région bâloise. « Il m’apparaissait inévitable qu’une excursion se fasse à Tramelan, puisque nos deux histoires se croisent dans ce village » explique Michel Ummel, ancien de la communauté mennonite du Sonnenberg, qui a fonctionné mercredi comme coordinateur en présentant aussi l’histoire mennonite de la région à ces personnalités venues, entre autre, de l’Australie, du Zimbabwe, de la Colombie et des Etats-Unis. Mathieu Chaignat, conseiller municipal en charge de l’urbanisme, leur a présenté quelques aspects historiques de Tramelan.
Pourquoi pas un musée ?
Ces dernières années, la chapelle historique avait totalement changé d’affectation en abritant l’atelier d’une entreprise de ferblanterie, couverture et sanitaire. « Durant toutes ces années, j’ai croisé quelques visiteurs de l’étranger qui venaient la voir », raconte le patron de l’entreprise, qui a quitté les lieux il y a quelques semaines. Pour l’heure, la petite pièce d’environs 60m² du premier étage n’est pas occupée. « Nous sommes à la recherche ‘un nouveau locataire », confie Bruno Misteli au nom de sa société immobilière familiale basée à Marly à qui appartient ce bien (et l’immeuble attenant) depuis une vente aux enchères remontant à une dizaine d’années.
Et si les adventistes s’y intéressaient pour en faire un petit musée ? « Tout est ouvert », glisse Bruno Misteli. Selon le recensement architectural du canton de Berne, le bâtiment est classé digne de conservation.
BASSIN Michel, « Une chapelle inscrite dans l’histoire », Le Journal du Jura, samedi 2 juin 2012