René Villeneuve a reconstitué la carrière de son père Edgar Villeneuve, missionnaire à Madagascar. Cette note d'étude est téléchargeable ici : Téléchargement carrire_de_e_v.pdf . Cette reconstitution de carrière peut être complétée par la nécrologie d'Edgar Villeneuve, écrite par Jean Zurcher dans la Revue adventiste de décembre 1986, consultable ci-dessous.
"EDGAR VILLENEUVE
(22 octobre 1912 - 1er octobre 1986)
Au mois de juillet déjà, frère Villeneuve avait dû subir une importante intervention chirurgicale. Chacun avait espéré qu'il se remettrait, mais son état s'aggrava rapidement, et le 1er octobre au matin il s'endormit paisiblement, entouré de son épouse et de ses enfants.
Sans aucun doute, Edgar Villeneuve demeurera dans les annales des missions adventistes comme le seul missionnaire qui, avec son épouse, ait consacré presque toute sa carrière — 38 ans exactement — à la proclamation du message adventiste à Madagascar et dans les îles de l'océan Indien.
Edgar Villeneuve est né à Gland le 22 octobre 1912, cinquième enfant d'une famille de six. Son père travaillait alors à la fabrique alimentaire de Phag. Edgar avait 13 ans lorsque le missionnaire Ferdinand Stahl, pionnier parmi les Incas, passa par La Lignière. Après avoir entendu celui-ci, il fit cette remarque, que les siens n'ont jamais oubliée : « Maintenant, je sais ce que je voudrais être : un missionnaire. »
Hélas ! pour des raisons de santé de son père, Edgar dut interrompre ses études et envisager un apprentissage. A cet effet, il fut envoyé à Dammarie-les-Lys pour apprendre le métier de relieur à l'imprimerie Les Signes des Temps. Il en revint très rapidement, ce métier ne répondant pas à sa vocation. C'est alors qu'intervinrent providentiellement deux hommes, frère Erzberger et le Dr Müller. Ces deux frères trouvèrent l'argent nécessaire pour financer sa première année scolaire au Séminaire de Collonges. C'est là qu'Edgar Villeneuve obtint en 1934, après six années d'études, son diplôme d'évangéliste. C'est là aussi qu'il trouva celle qui devint, le 3 mars 1935, sa vaillante épouse : Gioconda Bossero. Un mois seulement après leur mariage, le jeune couple, qui ensemble totalisait tout juste 40 ans, embarquait à Marseille pour Madagascar.
Dès leur premier contact avec la terre malgache, à l'escale de Majunga, frère et sœur Villeneuve furent conquis par le pays. Dans une lettre adressée aux parents, Edgar émerveillé écrivit : « Nous voilà sur la terre promise, foulant avec délices — c'est le mot — notre nouvelle patrie. »
Madagascar devint, en effet, la terre d'élection pour toute la famille Villeneuve puisque successivement les trois enfants, René, Claude et Nadia, suivirent pour un temps l'exemple de leurs parents, comme missionnaires, dans cette île où ils naquirent et passèrent toute leur jeunesse.
En réalité, l'enthousiasme d'Edgar Villeneuve pour Madagascar influença certainement aussi la vocation missionnaire de sa sœur et de son frère. Je veux parler de sa sœur Nelly Ruf et de son frère René. Tous deux jouèrent un rôle de pionnier : frère et sœur Ruf dans la direction de l'école biblique à Tananarive, durant la guerre de 1939 à 1946 ; René Villeneuve, comme technicien, dans le lancement de notre imprimerie à Tananarive durant les années 1950 à 1955.
Frère et sœur Villeneuve étaient toujours prêts à se rendre là où l'on avait besoin d'eux. Et c'est ainsi qu'ils eurent le privilège de travailler dans les différentes parties de la grande île : d'abord, sur les Hauts-Plateaux où l'œuvre avait commencé ; puis, sur la côte ouest, à Majunga, jusque dans le Nord. C'est là, en particulier, que frère Villeneuve accomplit une œuvre de pionnier, de 1948 à 1958, jetant les bases de la station d'Ankazambo, où ses deux fils, René et Claude, dirigèrent successivement l'école secondaire, de 1964 à 1971. De même Edgar Villeneuve sera à l'origine de l'œuvre dans la région d'Andapa, où la mission possède aujourd'hui un magnifique petit hôpital et une clinique dentaire.
En 1958, l'année de l'indépendance de Madagascar, la Mission de Tananarive fut confiée à frère Villeneuve. Puis, durant les treize dernières années, de 1960 à 1973, il fut en charge de divers départements au niveau de l'Union de l'océan Indien.
A bien des égards, Edgar Villeneuve fut un missionnaire exemplaire. En particulier, il le fut par sa connaissance parfaite de la langue malgache. Dès son arrivée, il s'adonna « nuit et jour », écrit-il, à l'étude de la langue de ceux auxquels il désirait annoncer le message adventiste. Après trois mois d'études seulement, il s'aventura à faire du porte à porte dans Tananarive. Un peu plus tard, à l'occasion d'une assemblée, en présence de frère Olson, président de la Division, il fit sa première prédication en malgache, au grand étonnement de tous. Le plus ancien des frères malgaches, frère Rasoamoelina, se leva, les deux mains tendues, s'exclamant : « Enfin, nous avons un missionnaire qui parle notre langue.
Grâce à cette possibilité, frère Villeneuve exerça une influence comme aucun autre missionnaire ne put le faire. C'est pourquoi aussi il s'est attaché les malgaches comme personne d'autre ne sut le faire. Et je sais qu'aujourd'hui l'Eglise adventiste de Madagascar pleure avec nous celui qu'elle a tant aimé parce qu'il lui a tant donné : le meilleur de sa vie.
En raison de sa maîtrise du malgache, il a également joué un rôle dans le domaine des publications. En plus des nombreux articles publiés dans nos revues malgaches, il a écrit, entre autres, un ouvrage sur l'état des morts et la résurrection, sujet particulièrement important pour les malgaches qui pratiquent le culte des morts. Tout récemment encore, il a envoyé à la Maison d'édition de Tananarive un manuscrit, écrit en malgache, sur les prophéties de Daniel.
Je suis persuadé, cependant, que les frères et sœurs de l'église de Lausanne, dont il a eu la charge de 1973 à 1977, ainsi que ceux de l'église d'Yverdon, avec lesquels il a travaillé jusqu'à sa retraite en 1978 garderont de frère Edgar Villeneuve le souvenir d'un serviteur de Dieu qui se donnait tout entier à son ministère pastoral.
A l'âge de 74 ans, Edgar Villeneuve nous laisse l'exemple d'une vie exceptionnelle. Il était de ceux qui attendent le prochain retour de Christ."
Jean Zurcher
Revue adventiste, décembre 1986, p. 14