L'article ci-dessous est traduit de « Seventh-day Adventist Encyclopedia », second edition, Review and Herald Publishing Association, 1996, vol. 11, p. 729-731 (avec l'aimable autorisation des éditeurs).
La Suisse est le premier pays situé en dehors de l’Amérique du Nord, où l’Église adventiste ait envoyé un missionnaire. Il s’agit de J. N. Andrews, qui y fut dépêché en réponse à l’intérêt pour les doctrines adventistes qu’avait éveillé un ancien prêtre catholique polonais, Michael Belina Czechowski.
Ce dernier avait embrassé le protestantisme lors d’un séjour en Suisse, vers 1850. Par la suite, en Amérique du Nord, il entra en contact avec l’Église adventiste du septième jour et en devint membre en 1857. Il désirait ardemment proclamer ses nouvelles convictions aux habitants de l’Europe, mais ne parvint pas à persuader les adventistes du septième jour de l’envoyer en mission. Il partit quand même comme missionnaire en 1864, mais pour un autre groupe adventiste. Arrivant d’abord en Italie, il expliqua chaque foi qu’il en eut l’opportunité les prophéties de Daniel et de l’Apocalypse et enseigna aussi la doctrine du Sabbat du septième jour. Il fit quelques convertis à Torre Pellice, dans le pays vaudois de l’Italie du nord. En septembre 1865, accompagné de J. D. Geymet, un de ses convertis, il se rendit en Suisse, d’abord à Yverdon, et le jour suivant à Grandson, où ils demeurèrent quelques temps.
Czechowski commença tout de suite à donner des conférences dans des salles de classe, des églises et dans d’autres locaux des villages alentours. Assez vite, il s’est orienté vers le nord du canton de Neuchâtel et vers le Jura bernois, où, malgré une copieuse opposition, il rencontra des gens disposés à l’écouter. Il conduisit son premier service de baptême en Suisse le 19 août 1866, baptisant deux personnes dans le lac de Neuchâtel à la lueur d’une lanterne. Il s’agissait de Mme Louise Pigueron et de M. J. D. Geymet. La fille de Mme Pigueron, Anna De Prato, fut membre de l’Église adventiste du septième jour pendant plus de 70 ans.
Croyant fermement que le texte imprimé serait des plus précieux pour son travail, Czechowski lança un petit périodique intitulé L’Évangile éternel et l’accomplissement des prophéties sur la venue du Sauveur, dont le premier numéro, daté de juin 1866, fut suivi d’un deuxième publié le 15 août de la même année. La publication en devint ensuite hebdomadaire et se poursuivit ainsi jusqu’en décembre 1868, avec une brève interruption vers la fin de l’année 1867. En tout, il en sortit plus de cent numéros, tout en publiant aussi quelques petites brochures en français et en allemand.
En 1867, à Tramelan (Suisse), il organisa une congrégation connue par la suite comme la plus ancienne Église adventiste d’Europe, bien qu’au moment de sa fondation, ses membres n’aient rien su de la confession adventiste du septième jour d’Amérique du Nord. Mais par la suite, certains de ces convertis purent s’informer au sujet du mouvement adventiste du septième jour en lisant un exemplaire du Review and Herald trouvé dans la chambre de Czechowski à Tramelan. Le contact fut établi avec la Conférence générale grâce à une lettre envoyée à Uriah Smith par Albert Vuilleumier, l’ancien de l’Église. Le travail de Czechowski en Suisse prit fin en 1868.
Ces Suisses respecteux du Sabbat furent invités à envoyer un délégué à la session de la Conférence générale devant se tenir à Battle Creek en mai 1869. Puisque Albert Vuilleumier n’avait pas la possibilité de quitter son foyer à ce moment-là, ce fut James (Jacques) Erzberger qu’on envoya. Ce jeune homme, ancien étudiant de l’école missionnaire Chrischona, près de Bâle, avait rencontré ces fidèles lors d’un voyage à Tramelan. Cherchant d’abord à mettre à l’épreuve les croyances du groupe, ce fut lui qui devint convaincu de leur véracité. Arrivé à Battle Creek trop tard pour la session de la Conférence générale, il y demeura de juin à septembre 1869, avant de regagner la Suisse comme pasteur ordonné. En 1870 Adémar (Adhémar) Vuilleumier, cousin d’Albert Vuilleumier, se rendit aux Etats-Unis.
Envoi d’Andrews en Suisse. En réponse à la demande pressante des convertis suisses, la Conférence générale envoya comme missionnaire J. N. Andrews, qui arriva à Neuchâtel le 16 octobre 1874, accompagné d’Adémar Vuilleumier.
La première assemblée générale des fidèles du Sabbat à se tenir (le 1er novembre 1871, à Neuchâtel) après la venue d’Andrews en Suisse, accueillit des délégués de groupes habitant à Tramelan, au Locle, à la Chaux-de -Fonds, à Fleurier, à Bienne et à Buckten. Au cours d’une autre réunion, tenue deux semaines plus tard au Locle, on se pencha sur le besoin pressant de publications. On leva des fonds et on nomma un comité pour développer ce projet éditorial. Une assemblée générale plus importante fut organisée à la Chaux-de -Fonds en Janvier 1875.
En janvier 1876 D. T. Bourdeau et sa famille arrivèrent des Etats-Unis pour prêter main forte à Andrews, qui s’était établi à La Coudre , près de Neuchâtel. Les deux familles déménagèrent alors au Locle, d’où les deux pasteurs rayonnèrent dans les différentes Églises de Suisse. Puis Bourdeau tint des réunions d’évangélisation au Locle, avec comme résultat l’acceptation de la foi adventiste du septième jour par le principal enseignant du collège local, Louis Aufranc. Renonçant à son poste et licencié sans critique par son collège, il rejoignit l’œuvre adventiste et rendit de précieux services comme traducteur et rédacteur.
Dans le cadre d’une autre assemblée générale, tenue à Bienne en décembre 1875, une Tract and Missionary Society fut mise sur pied, qui se chargea de promouvoir avec vigueur la diffusion des publications adventistes du septième jour.
En avril 1876 Andrews déménagea à Bâle (qui devint pendant un certain temps le siège de l’œuvre Europe) et en juillet il publia le premier numéro du magazine Les Signes des Temps (version française de Signs of the Times). Diffusé en Suisse francophone, son objectif premier était de porter le message adventiste du septième jour en France, ce en quoi il réussit.
Malgré une santé défaillante, Andrews continua de diriger vigoureusement le travail adventiste, jusqu’à ce qu’il tombe gravement malade. Il mourut enfin à Bâle le 21 octobre 1883.
Organisation de la Fédération suisse. À Andrews succéda B. L. Whitney, arrivé des Etats-Unis le 26 juillet 1883. Lors de l’assemblée générale tenue à Bienne du 24 au 27 mai 1884, en la présence de G. I. Butler, alors président de la Conférence générale, on mit sur pied la Fédération suisse. Des responsables officiles furent élus à cette occasion : président : B. L. Whitney, secrétaire : Arthur Borle, trésorier : J. E. Dietschy, membres du comité exécutif : B. L. Whitney, Albert Vuilleumier, Adhémar Vuilleumier. Il y avait alors en Suisse cinq Églises organisées, alors que le rapport lu à la session de l’année suivante mentionne 10 Églises pour 224 membres, signe de progrès encourageants.
En 1884 un immeuble a été construit à Bâle pour y accueillir le siège de l’Église adventiste en Suisse, ainsi que la maison d’édition et une imprimerie. Quand elle fit un long voyage en Europe, Ellen White y vécut de 1885 à 1887.
L’œuvre en Suisse alémanique. Si au début le travail ne fut effectué que dans la partie francophone du pays, certaines personnes qui y ont entendu prêcher le message adventiste du septième jour le firent connaître dans la partie germanophone. Ainsi, par exemple, en 1879 un jeune homme qui avait écouté des conférences à Orbe et avait accepté la foi retourna au village d’Azmoos dans la région orientale du pays et y fit des convertis, dont les descendants, pour certains, sont encore membres de l’Église.
Une nouvelle dynamique fut donnée à l’œuvre dans ce secteur quand, en janvier 1886 L. R. Conradi arriva des Etats-Unis et commença, assisté par J. Erzberger, de travailler pour les germanophones et en leur sein. Parmi les convertis il y avait E. E. Frauchiger, jeune homme qui travailla d’abord à la maison d’édition, puis comme colporteur, comme évangéliste connaissant la réussite et enfin comme administrateur en différentes parties d’Europe. Le 13 août 1887, 14 personnes furent baptisées à Zurich et cet après-midi là, on mit sur pied une Église de 17 membres. Le magazine allemand Herold der Wahrheit (Héraut de la vérité), publié depuis janvier 1884, s’avéra aussi très efficace pour nouer des liens avec la population germanophone. Il était vendu par les colporteurs, ainsi que l’édition allemande du Jésus-Christ (et cette version française aussi) d’Ellen White.
À cause de la prohibition du travail le dimanche, la maison d’édition dut fermer son imprimerie en 1895. L’immeuble fut alors utilisé comme centre de santé appelé « Institut Sanitaire » et pour un embryon d’usine agro-alimentaire. Ces structures furent transférées en 1905 à Gland, sur les rives du lac Léman (…)
Suite à la fermeture de l’imprimerie de Bâle en 1895, les travaux d’impression en allemand destinés à la Suisse alémanique furent transmis à l’Advent-Verlag de Hambourg, mais en 1929 l’édition germanophone (sans imprimerie) reprit à Zurich. Les travaux d’impression en français furent alors réalisés par des imprimeurs indépendants de Bâle jusqu’à ce qu’un atelier d’impression soit établi à Gland en 1914. Il y demeura jusqu’en 1922, quand il fut transféré à Dammarie-les-Lys, Seine-et-Marne, France.
Pour résoudre le problème de la présence obligatoire des élèves de l’école publique le jour du Sabbat, un internat pour enfants d’adventistes fut ouvert en 1896 à Perles, près de Bienne. Mais les parents n’aimant guère envoyer leurs enfants loin de chez eux, cette école ne resta ouverte que jusque en 1901.
La réorganisation de 1901 et la suite. On procéda, en 1901, à une réorganisation de l’œuvre dans toute l’Europe. À cause de ses différences de langues, la Suisse fut divisée en deux secteurs : l’un devint la Fédération suisse allemande, intégrée à la Fédération de l’Union allemande, qui venait d’être formée, avec J. T. Boettcher comme président ; l’autre resta dans la Fédération d’Europe centrale et devint la Fédération suisse romande, avec comme président B. G. Wilkinson. La Fédération d’Europe centrale devint la Mission de l’Union latine (et plusieurs années plus tard une fédération d’union). Quand la Division européenne fut scindée en 1928, les territoires de fédérations d’union furent réajustés. Les deux fédérations suisses furent réunies pour devenir la Fédération d’union suisse, intégrée à la Division sud-européenne. Le siège en fut établi à Lausanne et le premier président de cette entité fut P. P. Paulini. La Fédération suisse francophone englobait les régions italophones du pays, tandis que la Fédération suisse allemande comprenait le Liechtenstein limitrophe. Au 1er janvier 1929, la Fédération d’union suisse était forte de 50 Églises, avec 2 062 membres baptisés. Les bureaux de l’ancienne Division européenne, qui avaient été transférés d’Allemagne à Berne, capitale fédérale de la Suisse , devinrent, au 1er janvier 1929, le siège de la Division sud-européenne.
Au fil des ans, la Fédération d’union suisse a largement contribué aux fonds de financement des missions et a fourni aux champs missionnaires un grand nombre de travailleurs. Un centre de formation pour les travailleurs francophones de l’Église a fonctionné à Gland de 1904 à 1921 et fut par la suite transféré à Collonges-sous-Salève, France.
Répondant aux exhortations de A. V. Olson, arrivé en Suisse en 1920 comme président de la Fédération d’union latine, on commença à créer des écoles adventistes. Une fut inaugurée à Gland (Suisse) et d’autres ont été établies dans le pays au fil des ans. En 1993 la Suisse comptait deux écoles gérées par l’Église adventiste. Les enfants d’adventiste ont dans l’ensemble obtenu la permission d’être absents des écoles publiques le samedi. Les jeunes gens accomplissant leurs obligations militaires sont autorisés à observer le Sabbat, et servent en général dans les sections médicales.
La Suisse fut un des premiers pays européens à adopter les directives de la Conférence générale en matière de cours de formation de missionnaires bénévoles à destination des jeunes, sur les activités de la « JA » (Jeunesse adventiste) et sur les camps de formation organisés pendant les vacances.
Les programmes d’étude de la Bible par correspondance donnent de bons résultats, qu’ils soient en français, en allemand ou en italien, les deux premiers étant fournis en liaison avec des émissions de radio pédagogiques. Dans les trois langues, leur publicité est faite à l’aide de prospectus distribués par les laïcs et les colporteurs, ces campagnes étant animées, dans leur langue respective, par la Fédération suisse romande, la Fédération suisse allemande et par le pasteur chargé de l’œuvre dans la partie italophone du pays.
Un symposium sur J. N. Andrews s’est tenu à Bâle le 3 septembre 1983, pour commémorer le centenaire de la mort d’Andrews. Une association consacrée à la promotion de la santé, Schweiser Liga Leben und Gesundheit (LLG) a été organisée en 1988, avec des branches au niveau des fédérations et des sections au niveau des cantons. En septembre 1990 l’Union suisse a tenu un congrès célébrant « 125 ans d’espérance adventiste en Suisse. »
Extrait de l’article “Suisse” de « Seventh-day Adventist Encyclopedia », second edition, Review and Herald Publishing Association, 1996, vol. 11, p. 729-731
Traduction : Claude Fivel-Démoret
Site de l’édteur : www.ReviewandHerald.com