Weidner Jean - Adventiste, résistant (22.10.1912-27.5.1994). Officier de la légion d'honneur, titulaire de la Croix de Guerre, de la Médaille de la Résistance et des plus hautes récompenses des Etats-Unis, des Pays-Bas, de la Belgique et de la Grande-Bretagne, J. Weidner a un arbre planté avec son nom dans l'avenue des Justes à Yad Vashem en Israël.
Petit-fils d'un pasteur réformé de Hollande, fils d'un pasteur adventiste, il apprend tôt à résister pour raison de conscience : son père doit se rendre chaque semaine durant l'année 1924 à la prison du chäteau d'Aigle, parce qu'il n'envoie pas son fils à l'école le samedi, jour de repos religieux. En 1925, il découvre Collonges-sous-Salève, où son père est nommé professeur de grec et de latin au séminaire adventiste. Après dix ans d'études, il dispose d'un diplôme de commerce et d'une bonne connaissance de la région. En 1941, il organise avec son ami Gilbert Beaujolin, de Lyon, un groupe oecuménique des Amitiés chrétiennes pour secourir les personnes internées dans les camps. Il a l'appui du cardinal Gerlier, du pasteur Boegner et le soutien actif du P. Chaillet et du pasteur de Pury. En 1942, il met sur pied et prend la tête du réseau Dutch-Paris. Avec l'aide de centaines de résistants, il fait passer des Pays-Bas vers la Suisse ou l'Espagne plus de huit cents juifs et deux à trois cents aviateurs, résistants ou réfugiés. Au début il ouvre un magasin à Lyon, Annecy et Collonges-sous-Salève pour justifier ses allées et venues en Genevois. Il passe aussi fréquemment en Suisse pour rencontrer le pasteur Visser't Hooft, responsable du Conseil oecuménique des Eglises, et porter des messages. A Cruseilles, il est arrêté, torturé et enfermé par les policiers français. Il est sauvé par un juge résistant de Saint-Julien-en-Genvois. A Toulouse, il échappe à la Milice, la veille de son exécution, en sautant par la fenêtre du troisième étage de son lieu de détention. La Gestapo met sa tête à prix pour cinq millions de francs. Sa soeur Gabrielle meurt en déportation. Après la Libération, il devient membre du corps diplomatique néerlandais et assiste le ministre de Justice dans la recherche des criminels de guerre. Il se charge d'une association de secours aux anciens membres du réseau en difficulté, aux veuves et aux orphelins. En 1955, il quitte l'Europe pour s'installer en Californie et ouvrir un commerce de produits diététiques. Chaque année, il répond aux sollicitations des organisations juives américaines ou des anciens combattants et vient à Collonges-sous-Salève renouer avec son passé et ses amis savoyards. Une salle d'exposition du séminaire adventiste du Salève porte son nom et un musée du souvenir est crée en 1994 à Atlantic Union College (Boston).
Lehmann R. "Weidner Jean". In Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, vol. 8 La Savoie. Paris : Beauchesne, 1996. p. 419-420