Jean Vuilleumier était l'un des pionniers de l'adventisme européen. Dans la nécrologie parue dans la Revue adventiste du 15 janvier 1957, p.14-15, Robert GERBER retrace les grandes lignes de la carrière de Jean Vuilleumier.
"Un vétéran de plus s'en est allé... Nous ne reverrons plus parmi nous le visage familier de frère Jean Vuilleumier qui s'est éteint paisiblement à La Lignière le 9 décembre 1956, à l'âge très avancé de 92 ans. Frère Vuilleumier était né le 5 septembre 1864 à Tramelan, en Suisse. Ses parents comptèrent au nombre des premiers adventistes de ce pays, de sorte qu'il subit la bonne influence du message alors qu'il n'était encore qu'un tout petit garçon ; et c'est à 14 ans qu'ill fut baptisé, en 1878, à Colombier, dans le canton de Neuchâtel. Il a donc été membre de notre Eglise pendant 78 ans !
Au début de l'année 1883, alors qu'il n'avait pas encore 19 ans, il entra au service de notre maison d'édition de Bâle, où il travailla pendant sept ans comme secrétaire, traducteur et rédacteur. De là, il se rendit aux Etats-Unis où, pendant deux ans, il exerça successivement les fonctions de traducteur à la Review and Herald et de professeur de Bible dans un de nos collèges. Il fut ensuite ouvrier biblique durant quatre ans dans la Fédération du Massachussetts, puis évangéliste en Argentine pendant cinq ans.
Au début du vingtième siècle, frère Vuilleumier revint en Europe, où il servit la cause de Dieu en France et en Suisse à titre d'évangéliste, de traducteur et de professeur de Bible, onze années durant. Je fis sa connaissance en 1909, à notre école missionnaire de Gland, dont il était le directeur. II m'a laissé, particulièrement en tant que professeur de Bible, un excellent souvenir.
En 1911 il quitta de nouveau l'Europe pour le Canada cette fois, où il travailla pendant six ans dans la province de Québec, comme évangéliste, puis à Ontario, comme professeur, pendant trois ans. Cependant, après la première guerre mondiale, il fut rédacteur, pour peu de temps, à la maison d'édition de Gland, jusqu'au moment où elle fut transférée à Dammarie-les-Lys, en 1922. Il y poursuivit son activité jusqu'en 1932, date à laquelle il déposa les armes après avoir combattu sans relâche pendant un demi-siècle. Il resta encore quelque temps en France, puis revint en Suisse, son pays natal, et se retira à Lausanne avec sa femme et sa fille Aimée. II demeura très alerte pendant de longues années ; mais ces derniers temps, sa santé commençait à décliner. Toutefois, c'est seulement une quinzaine de jours avant sa mort que son état devint vraiment inquiétant et qu'on le transporta à La Lignière.
Alors qu'il était en Argentine, frère Vuilleumier perdit sa première femme, dont il avait eu deux filles qui vivent depuis très longtemps aux Etats-Unis. Je suis heureux que l'une d'elles, Sarah Stone, accompagnée de son mari et de sa fille, soit venue en Europe au cours de l'été 1955 et qu'elle ait pu le revoir avant sa mort.
Le service religieux, présidé par frère Vaucher, eut lieu à la chapelle de La Lignière, le mardi 11 décembre 1956, au moment où le Comité Annuel de la Division Sud-européenne y avait sa session. Après la prière de frère Albert Meyer, frère M.-V. Campbell, notre président, prit la parole, et déclara combien il s’était enrichi au contact de frère Vuilleumier, au Canada, voici très longtemps, lorsque celui-ci fut son professeur de Bible et de langues. Il en a conservé un très bon souvenir car il reconnaissait en lui un homme de Dieu. « Nous savons, dit-il, qu'il s'est endormi en Jésus pour se réveiller un jour dans un pays où la mort ne sera plus et après lequel nous soupirons. » Frère Aitken présenta alors aux membres de la famille affligée la sympathie de l'Union Suisse et souligna, en particulier, la bienheureuse espérance qui remplit nos cœurs. Puis il cita les versets 12 et 13 d'Apocalypse 14 qui s'appliquent parfaitement à ce « père en Israël » qui vient de tomber.
Se levant à son tour, frère Voucher rendit hommage à l'un des rares combattants de la première heure qui défendit nos couleurs sur trois continents, et qui le fit non seulement en paroles, mais surtout par la plume. Notre frère apportait un soin extraordinaire à tout ce qu'il publiait, de sorte que ses écrits revêtaient un caractère littéraire qui venait s'ajouter à son talent naturel.
Frère Vuilleumier participait activement à la défense ou au développement de toutes les bonnes causes, notamment celles de la liberté religieuse et de la tempérance. Il aimait beaucoup l'étude des prophéties et prêchait volontiers sur le retour du Christ, comme tous les pionniers du mouvement adventiste. Lorsque, selon lui, un principe vital était en jeu, il luttait avec acharnement en sa faveur.
La cérémonie se termina à la chapelle de La Lignière par la prière de frère Ulysse Augsburger. Au cimetière de Gland, après quelques paroles prononcées par frère J.-C. Guenin, c'est frère Fernand Augsburger qui se fit l'interprète de chacun de nous en adressant à Dieu une fervente prière. Ainsi se réalise pour frère Vuilleumier cette parole de Daniel 12 : 13 : « Et toi, marche vers ta fin ; tu te reposeras, et tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours. »
Nous tenons à exprimer, une fois de plus, notre très vive sympathie à tous les membres de la famille affligée, en particulier à la veuve, à Lausanne, à ses enfants Aimée, à Herminie et Sarah, en Amérique, à Madame Robert, sœur du disparu, à la fille de cette dernière et aux autres parents dispersés en Europe et en Amérique."
Robert GERBER
Revue adventiste, 15 janvier 1957, p.14-15